Concours de poésie : le gagnant du 48e concours !

La poésie est un monde qui demeure parfois obscur, mais qui pose questions. Comment travaille le poète pour arriver à nous faire vibrer au travers de quelques mots ? Que chercher au-delà de ces vers ? 

Et qui se cache derrière "Souvenirs du néant"?

Pandémonium, qu’as-tu pensé des deux thèmes pour ce concours ? (« Madeleine de Proust » et « Osez »)
Il est depuis longtemps convenu que les thèmes ne sont que des tremplins à l'inspiration, et ces thèmes, plus encore que d'habitude, permettaient d'écrire absolument sur tout. Ainsi je n'ai pas eu à me demander si oui ou non j'arriverais à écrire quelque chose, et c'est sûrement pour ça que vingt-trois autres participants se sont eux aussi lancés dans l'écriture d'un poème pour le concours. 
Le thème de la madeleine est une sorte de classique de la littérature ; qui n'a pas écrit sur la résurgence du passé ? ce qui est d'ailleurs souvent un grand plaisir mélancolique. Le second thème appelait à sortir des sentiers battus, à s'exprimer, ou bien à exhorter les autres à le faire, se lever, hurler, être fier, etc. Avec ces seuls deux thèmes, je crois qu'il est possible de recueillir la moitié de la poésie du monde.

Qu'est-ce qui a provoqué le déclic : une idée, un vers, une strophe, une rime ?
Comme la plupart du temps lorsque je m'assois devant l'écran blanc, le déclic est une phrase seule qui surgit et qui va donner au poème à la fois le ton et le thème. Le premier vers, « j'ai enterré notre dernier baiser au fond du jardin », résume à lui seul l'ensemble du poème. Ce qui suit n'est que l'image développée en chambre rouge. La photographie est prise. Flash. Puis l'image disparaît et n'est plus qu'un jeu d'ombres sur une pellicule. C'est le moment le plus délicat : le défi n'est pas seulement de prendre une belle photo, mais de réussir à la développer en commettant le moins d'erreurs possible.

T'es-tu plus attaché au fond ou à la forme pour écrire « Souvenirs du néant »? Et pourquoi ?
Je pense que les deux sont indissociables. On ne peut se concentrer sur l'un au profit de l'autre sans créer un déséquilibre. Un poème n'est pas une chanson et n'est pas non plus un discours. Il faut tenter de garder un rythme parfait sans rien sacrifier de sa pensée. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai abandonné depuis longtemps la métrique et la versification. Après avoir commencé la poésie par l'écriture de sonnets et autres moules à poèmes, après avoir remplacé des dizaines de mots parfaits par des mots plus ou moins équivalents pour « faire la rime », il a fallu que j'arrête la mascarade : je me bridais tout seul au nom de la forme. Maintenant je vis libre et heureux dans le plus parfait chaos.

Que cherchais-tu à faire passer au travers de ton texte ?
L'idée principale du poème est la suivante : Arrivé à ce moment où toutes les personnes témoins d'un même souvenir sont mortes ou l'ont simplement oublié, est-il encore possible de faire vivre seul ce souvenir ? Je pose cette question à travers l'histoire d'une rupture imaginaire.

Qu’as-tu pensé des retours des lecteurs ?
Peu importe le niveau de lucidité dont on croit être capable, une multitude d'avis extérieurs permet souvent de pointer du doigt la chose affreuse qui a poussé au milieu du poème sans qu'on s'en aperçoive. J'ai par exemple bien senti qu'il y avait trop de différences entre le cœur du poème et les premières et dernières strophes. Maintenant je vois moi-même la différence de ton entre ces parties et le manque de liant entre elles. 

Quels seraient le/les vers les plus représentatifs de ton intention d'auteur pour ce poème ?
Question compliquée à laquelle je pensais pourtant répondre facilement... Les derniers vers devraient être les plus représentatifs, mais ils ne représentent pas le contenu du poème, ils sont en réalité les « mots scientifiques » de l'émotion du poème qui elle, doit être mise au premier plan. J'aimerais donc croire que ce sont tous les mots et les expressions qui portent cette émotion jusqu'au cœur du lecteur qui sont les vers les plus représentatifs. Par exemple : « ton nouveau nom sans moi ».