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Le  Mag Jeunes Écrivains
27 septembre 2016

Romy Schneider / Patrick Dewaere : destins parallèles (deuxième partie : du métier d'acteur aux addictions)

Outre ce lourd héritage de souffrances évoqué dans la première partie de cet article consacré à Romy Schneider et Patrick Deweare, les vicissitudes de la vie vont se charger d'alourdir encore la barque émotionnelle déjà bien remplie de nos deux acteurs.

Faire l'acteur, pour "tenir"

Ainsi, leur métier, évasion relative (puisque réalité et fiction seront finalement extrêmement proches dans leurs existences respectives), leur permettra de fuir l'ennui de leur vie réelle et de survivre à ce que leur assène sans cesse le destin.

images_2D'ailleurs, dans le film Lily aime-moi (1975), le personnage qu'incarne Patrick Deweare s'exprime avec des mots qui ne sont pas loin de retranscrire les sentiments du comédien : "Et je m'emmerde... à me pendre !". Au cours d'une interview qu'il donne à Michel Drucker en juin 1981, il déclarera même ceci : "Heureusement que je suis acteur. Comme ça, je peux vivre à travers les films." Entre 1979 et 1981 (les années sombres), il fera même une véritable boulimie de tournages en enchaînant sans interruption une dizaine de longs métrages. Cependant, il songera un temps à abandonner sa carrière cinématographique pour lui préférer la musique (c'est lui qui compose directement, lors des interruptions de tournage, au milieu de l'équipe technique et de production, la bande originale de F... comme Fairbanks, qui sera retenue par le réalisateur Maurice Dugowson), mais l'échec public et critique de ses deux 45 tours sortis en 1978 le blessera profondément. Il reviendra donc à son premier métier de comédien en s'y investissant à fond. En novembre 1981, il avouera d'ailleurs à la Radio Télévision Suisse : "J'ai fini par le faire [l'acteur] parce que c'était la seule chose que je savais faire." Passer derrière la caméra est un rêve qu'il caresse, mais il dit ne pas avoir en tête de sujet assez fort pour s'y atteler. L'échec musical qu'il a connu et le manque de reconnaissance de la profession de son vivant l'ont sans doute déjà trop ébranlé à cette époque pour qu'il ose se lancer (il a pourtant déjà co-écrit les scénarios et dialogues de certains sketchs joués au Café de la Gare) . 

De son côté, Romy Schneider alternera des périodes de creux durant lesquelles l'ennui sera son quotidien (entre 1959 et 1961 à Paris, autour des années 66-68 à Berlin) et des périodes de tournages intensifs (durant une bonne partie de la décennie 70 notamment). Si, lors d'une entrevue accordée à un journaliste en 1974, l'actrice d'origine allemande déclare n'avoir jamais songé à arrêter sa carrière, elle avouera plus tard, pendant la promotion du film La passante du sans-souci (son 60ème et dernier film) - soit quelques semaines avant sa disparition - y avoir réfléchi suite au drame personnel qu'elle vient de vivre (le décès accidentel de son fils, alors âgé de 14 ans). Mais elle finit par y renoncer parce que son métier lui permet de "tenir". Elle déclarera ainsi dans une interview accordée à Michel Drucker : "Je l'aime mon métier, et il m'aide.". Elle souhaite toutefois tourner moins qu'auparavant pour, dit-elle, se préoccuper davantage de sa vie privée.

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"Tenir" pour faire face à l'ennui, aux échecs, aux drames. Sauf que cette profession leur renvoie brutalement à la figure tout ce qu'ils essaient de fuir, qu'elle ne suffit pas, qu'il leur faudra à tous les deux trouver d'autres échappatoires...

L'addiction, une éternelle fuite qui finira par les rattraper

L'alcool, les cigarettes (jusqu'à 3 paquets par jour), les médocs... Les mauvaises langues diront que c'est le mélange de tout ça qui aura raison de la vie de Romy. Indirectement, c'est vrai parce que ces excès fragiliseront encore un peu plus le corps déjà fatigué de l'actrice. Selon certaines sources, on aurait retrouvé de l'alcool et des barbituriques sur son bureau, là où elle s'est éteinte dans son appartement parisien, le 29 mai 1982, étayant la thèse du suicide. Mais cela est démenti par ses proches. Officiellement, elle est décédée de mort naturelle, la magistrature classant l'affaire sans autopsie, pour qu'elle emporte son secret avec elle et pour ne pas toucher au mythe de Sissi.

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L'alcool, les médicaments... C'est en fréquentant le milieu artistique d'Harry Meyen, son premier mari (le père de son fils David), acteur et metteur en scène berlinois, qu'elle en fera la découverte, l'expérimentation. Jusqu'à en devenir complètement addict en période de dépression. Car malgré la vigilance de son secrétaire Daniel Biasini, qui deviendra par la suite son second mari et le père de sa fille Sarah, elle parviendra à se procurer ses médocs par l'intermédiaire de son amie Marlène Dietrich, qui les lui transmet dissimulés entre les pages de quelques livres.

Pour Deweare, c'est aussi indirectement son addiction à la drogue qui sera en partie responsable de son geste fatal, le 16 juillet 1982. A l'époque, il se prépare durement pour incarner Cerdan dans le film de Lelouch : Edith et Marcel. Mais le cinéaste lui avait posé une condition sine qua non pour lui confier le rôle : ne plus toucher à la drogue. En période d'abstinence, très éprouvé par sa préparation physique en vue du tournage (il perd 5 kilos en deux semaines) et par une situation conjugale compliquée qui le bouffe littéralement, il cherchera en vain, cet après-midi-là, à joindre son dealer. Si on a pu penser qu'il était shooté au moment de commettre l'irréparable, cette thèse sera démentie par l'autopsie : il était parfaitement clean le jour où il s'est donné la mort. L'élément déclencheur de son geste demeure assez indéfini, certes, mais il est probable que l'absence de drogue à sa disposition ce jour-là l'ait empêché d'anesthésier sa douleur, son mal de vivre.

imagesLa drogue (en sus de la cigarette), un vieux démon qui ne date pas d'hier pour l'acteur. Barbara Anouilh (petite fille de l'auteur dramaturge) et Patrick Bouchitey, dans leurs virées nocturnes, l'initieront même à la drogue dure. En 1975, il aura avec ce dernier un grave accident de voiture, conséquence de leurs excès, accident qui fera une victime : la conductrice de l'autre véhicule. Patrick Deweare en sera très affecté. Quelque temps plus tard, alors qu'il est en période d'abstinence, il rencontrera une jeune fille (en période de sevrage elle aussi) pour laquelle il se prendra d'affection, mais son suicide le marquera également profondément, au point de le faire replonger. Sa relation tumultueuse et passionnée avec celle qui deviendra sa seconde épouse (et la mère de sa seconde fille Lola), Elisabeth Chalier (dite Elsa), toute aussi junkie que lui, n'arrangera rien de sa dépendance ni de son mal-être.

 

A suivre...

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