Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le  Mag Jeunes Écrivains
5 août 2016

Impressions de lecture classique : "Le Horla" de Guy de Maupassant

JE-lectures

Au commencement, il y eut Le Horla. En tout cas pour moi. Horla, néologisme inventé par son auteur pour signifier "hors de là", mais qui pourrait également dériver du mot normand "horsain" qui signifie "l'étranger".

Je ne me souviens plus vraiment à quelle époque de ma vie de collégien on m'a fait découvrir, par obligation scolaire, cette nouvelle de Guy de Maupassant, mais je me rappelle très bien de la réflexion que je me suis faite quand j'ai refermé le livre : "C'est un génie, ce type !" (en parlant de l'écrivain). Depuis, ce bouquin est presque devenu mon livre de chevet (c'est la seule oeuvre littéraire que je prends plaisir à relire périodiquement sans jamais m'en lasser), une référence absolue, peut-être même LE récit qui m'a donné envie par la suite d'écrire.

th (4)

D'ailleurs, c'est une nouvelle qui influence considérablement mon écriture, consciemment ou inconsciemment, en particulier dans mes oeuvres courtes, notamment lorsque mes personnages perdent le contrôle de leur esprit, que ce soit dans On ne meurt que deux fois (Memory) [influence inconsciente relevée par une lectrice alors que je m'étais inspiré du film Vanilla Sky et d'une scène du dessin animé Anastasia], Monsieur Edouard ou encore Aux frontières de la déraison, hommage volontaire qui s'ouvre sur une citation extraite du Horla : "La solitude est dangereuse pour les intelligences qui travaillent ... Quand nous sommes seuls longtemps, nous peuplons le vide de fantômes."

En fait, ce qui m'a toujours fasciné dans cette oeuvre, c'est cette sorte de decryptage, d'analyse d'une folie consciente, lucide. Folie dont était atteinte Maupassant, ce qui lui donne presque un caractère autobiographique et qui renforce la puissance de ce récit.

Mais attention, il existe deux versions du Horla. La première a été publiée en 1886, sous forme de récit-cadre. Une version que je n'aime pas, trop extérieure. La version publiée en 1887 est beaucoup plus convainquante puisque plus immersive et se présentant sous la forme d'un journal intime, dans lequel le narrateur essaie de trouver des raisons rationnelles à des faits qui ne le sont pas. En adoptant une démarche pseudo-scientifique, comme pour se prouver à lui-même qu'il n'est pas fou. Et ce qui m'a marqué à la première lecture, c'est qu'aucun détail de ce court récit, de ce bijou de la littérature à l'efficacité redoutable, n'est gratuit. Dès le départ, dès l'ouverture, ce bateau brésilien qu'on croit anodin a son importance.

Chantre du Naturalisme (comme Zola), ce mouvement littéraire qui pousse à l'excès les exigences du réalisme, Le Horla est pourtant considéré comme une oeuvre fantastique. Et en effet, suivant l'interprétation que l'on peut avoir de cette nouvelle (Maupassant laissant au lecteur le soin de trancher), elle peut correspondre à la définition du genre fantastique : on parle de fantastique dès lors qu'il y a irruption de l'irrationnel dans un cadre réaliste.

 

th (5)

 

 

En lisant les quelques lignes qui vont suivre, on peut effectivement légitimement hésiter entre Naturalisme (de par la peinture réaliste que nous fait l'auteur d'une folie consciente) et littérature fantastique (de par la présence de cet être immatériel qui bouleverse le quotidien du narrateur) :

"6 août. (...) Alors, je rentrais chez moi, l'âme bouleversée ; car je suis certain, maintenant certain comme de l'alternance des jours et des nuits, qu'il existe près de moi un être invisible, qui se nourrit de lait et d'eau, qui peut toucher aux choses, les prendre et les changer de place, doué par conséquent d'une nature immatérielle, bien qu'imperceptible pour nos sens, et qui habite comme moi, sous mon toit...

7 août. (...) Je me demande si je suis fou. En me promenant, tantôt au grand soleil, le long de la rivière, des doutes me sont venus sur ma raison, non point des doutes vagues comme j'en avais jusqu'ici, mais des doutes précis, absolus. J'ai vu des fous ; j'en ai connu qui restaient intelligents, lucides, clairvoyants même sur toutes les choses de la vie, sauf sur un point. Ils parlaient de tout avec clarté, avec souplesse, avec profondeur, et soudain leur pensée, touchant l'écueil de leur folie, s'y déchirait en pièces, s'éparpillait et sombrait dans cet océan effrayant et furieux, plein de vagues bondissantes, de brouillards, de bourrasques, qu'on nomme la démence. 
Certes, je me croirais fou, absolument fou, si je n'étais conscient, si je ne connaissais parfaitement mon état, si je ne le sondais en l'analysant avec une complète lucidité. Je ne serais donc, en somme, qu'un halluciné raisonnant."

Alors pour vous, Le Horla pencherait plutôt de quel côté ?

Klik-Aventador

Publicité
Commentaires
Publicité

 Un groupe de "JE", ou jeunes Ecrivains, issu du forum"jeunesecrivains", vous présente leur vitrine culturelle.
Chroniques, news, condensé des productions du forum, vous verrez ici les écrivains sous un autre jour.

 

Bez nazwy-2

Newsletter
Derniers commentaires
Publicité