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Le  Mag Jeunes Écrivains
10 janvier 2017

La littérature érotique, qu'est-ce que sexe ? Tentative de définition (première partie : introduction)

Asyne et moi, on avait envie d'évoquer ce sujet depuis plusieurs mois, non pas parce que nous sommes d'une perversité sans nom (quoique...), mais parce que, au même titre que la romance, l'érotisme est un genre littéraire très déprécié.

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Pourtant, ce n'est pas si facile que ça de bien écrire de l'érotisme, je le sais pour m'être moi-même essayé à l'exercice et pour avoir envoyé à mon éditeur numérique deux courts récits afin de répondre à un appel à textes érotiques. Et le retour de celui-ci fut on ne peut plus limpide : "C'est très bien écrit, mais ça n'est pas de la littérature érotique".

Eh oui, l'érotisme n'est pas qu'un genre littéraire sulfureux, il est aussi très codifié. Car écrire de l'érotisme, ce n'est pas à la portée du premier péquin venu qui va se contenter d'aligner trois mots explicitement très connotés sexe. Il ne s'agit pas non plus d'intégrer une scène de cul bien grasse au sein de votre récit pour en faire un texte érotique. Et si c'est trop imagé, trop métaphorique, pas assez explicite, ça ne va pas non plus.

Du coup, vous vous dites que derrière ce titre très racoleur se cache finalement une vraie question : qu'est-ce que la littérature érotique (surtout si vous n'en avez jamais lu) ?

Parce que si ça se trouve, vous en écrivez sans le savoir (Oups, il est alors temps pour vous de changer de nom, de ville et d'entourage. "Papa, maman, pardon, j'étais pas au courant..."). Ou vous tentez d'en écrire sans y parvenir.

Déjà, lorsque vous lisez certains romans "généralistes" de Régine Desforges ou Tatiana de Rosnay, voire L'horizon à l'envers de Marc Levy (qui jusqu'alors était très chaste dans ses scènes d'amour, pour ne pas dire elliptique), quelques passages hot et relativement explicites peuvent mettre mal à l'aise le plus puritain des lecteurs non avertis, au point qu'il pourrait assimiler ces romans, en ne se basant que sur lesdits passages, à de l'érotisme ou de la pornographie (suivant le degré de puritanisme de ce lecteur). Oui, mais non car ce n'est pas le propos principal de ces ouvrages, l'érotisme.

Et si vous vous mettez à écrire un docu-fiction hyper trash sur le viol des mineures dans les cités en étant très explicite, voire très cru dans vos descriptions de ces actes sexuels non consentis, ce ne sera pas non plus de l'érotisme car votre intention, dans ce cas précis, n'est pas de donner envie mais bien de dénoncer un fait. Evidemment, certains rétorqueront que le fantasme du viol existe (chez les hommes comme chez les femmes), et que des récits ou des vidéos fantasmagoriques de ce type circulent à tout-va (notamment sur le web), mais on se rapprocherait alors plutôt d'une pornographie extrême (comme peuvent l'être certaines pratiques SM).

Au-delà de ça, la perception différente que l'on peut avoir, d'un individu à l'autre, de ce qui relève de l'érotisme ou de la pornographie n'arrange pas non plus nos affaires. Si, dans le domaine cinématographique, la signalétique nous est d'un grand secours pour différencier les deux genres, l'érotisme étant interdit au moins de 16 ans, le pornographique aux moins de 18 ans, la frontière est plus floue en littérature.

images 128Pour y voir plus clair, consultons notre ami Wikipédia, qui s'appuie sur Le dictionnaire du littéraire de Paul Aron et Denis Saint-Jacques, paru chez PUF, pour tenter d'approcher une définition de l'érotisme, que cet ouvrage qualifie de "part de la littérature amoureuse qui insiste sur les plaisirs de la chair"  tout en soulignant que la limite entre érotisme et pornographie reste encore et toujours nébuleuse et source de débat. Quoi, c'est tout ? Parce que si on en reste là, on n'est pas plus avancé sur la question !

Selon Wiki, le dictionnaire précité précise néanmoins "que le concept d'obscénité joue un rôle important dans la définition des termes, bien que son attachement à la moralité rende aussi la définition plutôt subjective." Ledit dico mentionne par ailleurs, toujours selon Wiki, "que l'érotisme et la pornographie auraient partagé le même but, soit représenter la jouissance personnelle. Toutefois, l'érotisme se serait distingué grâce son esthétisme."

Du point de vue de la chercheuse, philosophe et écrivaine Michela Marzano, la différence entre érotisme et pornographie réside dans la présence ou non de récit. Autrement dit, l'érotisme met en scène un récit - à l'aide de mots ou d'images - qui raconte le désir et la rencontre des êtres alors que la pornographie ne va pas dans ce sens. Non seulement l'érotisme est davantage rattaché à la narrativité, mais il est aussi beaucoup plus associé à l'art que la pornographie.

Pour résumer, l'érotisme serait une manière plus élégante et raffinée, plus scénarisée, de parler de sexe alors que la pornographie ne s'encombrerait pas de fioritures pour décrire l'acte charnel brut.

Soit, mais il nous paraissait nécessaire, à Asyne et moi, d'aller plus loin que ces modestes préliminaires dans cette tentative de définition de la littérature érotique en interrogeant des auteures qui, assurément, sauront bien mieux que moi vous guider sur le chemin qui mène au plaisir des sens.

Rendez-vous donc la semaine prochaine pour une interview de Sara Agnès L.

Klik-Aventador

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