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Le  Mag Jeunes Écrivains
2 mars 2016

Les chroniques (de plus en plus déjantées) de James : "The Exorcist" de William Peter Blatty

JE-lecturesAllez, aujourd'hui je vais vous faire prendre un peu l'air. Je vais vous mener jusqu'au sommet du Ventoux par la voix la plus extrême, vous m'en direz des nouvelles.

exor copie

En route pour le Vaucluse. Au cœur du petit village de Malaucène, venant de Vaison-La-Romaine, tournez à gauche et engagez-vous sur une petite route qui file en louvoyant au travers des vignes et des vergers vers Beaumont-du-Ventoux. Dépassez ce charmant village où je pris femme il y a… Bref… Continuez, laissez Ste Marguerite à votre droite et gagnez Les Alazards puis poursuivez encore. Vous le remarquerez alors, la route n'a cessé de se rétrécir depuis le village et, sans que vous en ayez même pris conscience, c'est maintenant sur un chemin de terre que vous roulez. Plus loin encore il stoppera tout net ce chemin. Les hommes arrivés là un beau jour avec leur idée fixe de rallier un ailleurs ont ici renoncé. Ils ont encore aménagé un modeste terre-plein pour faire demi-tour puis, appelés ailleurs, ont tout laissé en plan et ne sont jamais revenus.

Garez-vous et regardez, vous voyez là le départ d'un de ces sentiers balisés cher à ces étranges quadrupèdes humains qui ne se contentent pas d'une canne mais se propulsent sur deux bâtons aux formes biscornues et aérodynamiques. Ils peuvent, ces arpenteurs du monde, grâce à ces béquilles, dépasser en vitesse de pointe le six kilomètres par heure. Mais laissons ces merveilleux sportifs à leurs exploits et à leur GR et enfonçons-nous un peu dans les broussailles. Un autre chemin démarre là, une draille de sanglier.

J'étais parti à l'aube un matin d'août, pour une de ces aventures. J'avais pris par cet étroit sentier tracé par des bêtes et qui grimpait assez brutalement vers le monstre de Provence. Les trois premières heures étaient passées comme un souffle, puis, vers dix heures le temps s'était couvert. A onze heures trente, il s'était mis à tonner et vers midi les premiers bataillons de l'orage basculaient par-dessus la montagne. L'air fraîchit soudain, faisant taire d'un coup les ignobles cigales et leur abject crissement, ce terrible dévastateur de siestes. Je savais trouver quelque trois cents mètres plus hauts les ruines encore vaillantes d'une petite chapelle et j'accélérais l'allure pour aller m'y mettre à l'abri avant que d'être rattrapé par l'orage.

Je ne ratai cet objectif que de quatre minutes et c'est trempé comme une carpe que j'atteignais enfin la petite porte de ce charmant repaire. C'est là que je fis l'étrange découverte dont je vais à présent vous entretenir.

 À peine avais-je fait deux pas au sec dans ce minuscule espace qu'un coup de tonnerre assourdissant fit exploser mes tympans et enflamma brièvement un arbre à vingt mètres de là ; tandis qu'au même instant une lumière fantastique illuminait l'espèce de nuit impromptue qui venait de s'abattre sur le monde. Un étroit rayon, par le prisme du petit vitrail qui tenait lieu de fenêtre à ce lieu, me désigna alors, tout au fond de la pièce, un objet pour le moins insolite. L'odeur sulfureuse si particulière de la foudre avait rempli les lieux me faisant tousser à m'en arracher les poumons. Je me dirigeais vers cette chose. C'était un livre, un simple livre de poche, il brillait légèrement, rémanence sans doute de mon éblouissement. Il était rédigé dans cette pauvre langue que baragouinent les Anglais. Celui qui l'avait abandonné là avait pris la peine de le sceller d'un petit crucifix avant de le déposer aux pieds d'une minuscule statuette de la vierge. A cet instant, un violent courant d'air claqua la porte derrière moi me plongeant brusquement dans le noir. Pendant quelques secondes, il n'y eut plus que moi et ce livre luminescent. Je tâtonnais jusqu'à lui. Puis, dans la faible lumière qui filtrait au travers du vitrail, j'ôtais la petite croix et déchiffrais le titre de l'ouvrage : The Exorcist.

exircist

Ah mais quel bonheur ! Moi qui aime les éléments déchaînés, qui voue un culte à l'orage, au tonnerre. Moi qui jouis de l'insolite et du mystère. Moi qui recherche comme un mystique l'effroi et les diableries. Je venais de trouver le Graal.

Allez, l'orage gronde, il résonne et tournoie comme un aigle agacé sur la montagne. Je connais bien ces circonstances. Il est captif le bel orage, le voilà pris par les courants. Il va pirouetter autour du géant de Provence pendant des heures. Profitons-en, installons-nous. Allumons la petite lampe tempête qui traîne au fond de mon sac et voyons un peu ce que nous raconte cette chose.

L'histoire commence en Irak. Déjà, ça dépayse. Mais attention, ne vous affolez pas, pas de guerre du Golfe ici, pas de G.I. Pas de George Bush non plus d'ailleurs, non, là le démon il dirige pas des cow-boys et il s’appelle Pazuzu... Alors oui bon je sais, c’est un peu ridicule Pazuzu, ça porte à rire.  Eh bien, profitez-en, parce que ce Pazuzu, qui dormait tranquillement dans les déserts d’Orient depuis quelques siècles, il vient tout juste d'être réveillé et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a pas le réveil tranquille. Il est même salement fumasse. Une colère terrible, il se déchaîne grave le gars, il pleut des grenouilles à vingt bornes à la ronde, le lait caille dans le sein des mères et le sperme des hommes se transforme en bière brune. À croire qu’on l’a interrompu et déterré au beau milieu d’un rêve érotique le Pazuzu. Mais procédons par ordre et faisons la connaissance de notre premier héros, le père Merrin, c'est lui l'imprudent imbécile qui a déterré la chose des enfers… 

pereperrin

Bon, OK, je vous vois venir. Encore une histoire de curé que vous vous dites, ce Wouaal est donc un véritable obsédé du goupillon, un de ces pénibles agnostiques post soixante-huitard, un lubrique, un déviant, un amoureux contrarié de notre sainte Bernadette Soubirou. Ah ! Mais détrompez-vous, rien de tout ça, c'est un hasard pur et simple que tous ces curetons dans mes histoires. En fait, et pour tout vous dire, c’est Aventador qui m’a commandé cette chronique… Allez… Tiens… on est plus à une digression près, je vous mets un extrait d’une longue lettre de dix-sept pages qu’il m’a envoyée avant-hier.

 … James je t’en supplie, fais ça pour moi. Je n’aurais jamais dû ouvrir ce livre… Je n’en peux plus, j'ai plus dormi depuis une semaine. J’ai peur le matin, le midi, et plus encore le soir. Je dors toutes lumières allumées avec une bible sur la poitrine et un crucifix autre part. S'il te plaît James ! Démonte-moi cette horreur, désenvoûte-moi. Tiens, fais-moi rire du Pazuzu. Démystifie-moi ça, bordel ! C'est ton truc ça, non ? Je t’en serai reconnaissant à vie. Je publierai toutes ces horreurs dont tu nous abreuves ici. Toutes tes chroniques censurées… toutes… même cette horreur pornographique, ton Emmanuelle en Afrique… Même ton Evangile selon James… Tiens si tu m'exorcises du Pazuzu, je m'engage à publier tes douloureux Souvenirs de catéchisme...

Voilà, il m'a ému, le Avent, avec son diable. Je m'exécute, rien de plus. Prenez ça comme une commande. 

Bon, où en étais-je avant qu'Avent nous interrompe ? Ah oui, l'Irak… les averses de grenouilles et tout et tout. Eh bien quittons l'Irak et filons directement aux States. Nous voilà à Georgetown, un quartier peinard de Washington. Continuons jusqu'au dix-huit de la rue Wouallstreet et entrons sur la pointe des pieds. Chut… montons au premier et poussons très doucement la porte de la chambre de la petite Regan… Elle dort la mignonne, profitons-en et approchons-nous encore un peu. C'est une jeune fille préadolescente tout ce qu'il y a d'ordinaire la Regan, elle fait dodo avec un petit sourire au coin d'une lèvre, un gentil doudou contre la joue gauche. C'est bien simple, on lui donnerait le bon Dieu sans confession… Enfin, si je peux me permettre… 

lit

Ah, mais mince, je crois bien qu'on vient d'en faire une belle. Le Pazuzu, cet infâme, nous a suivis depuis le Proche Orient. Il a voyagé dans mon bagage à main, planqué dans mon tube de Signal au fluor renforcé. Le voilà qui bondit comme un diable de ma besace, il saute sur le lit et se jette sur l'enfant endormie. C'est une sorte de tout petit lutin vert et rouge, il a encore le capuchon du dentifrice sur la tête, ça lui fait un chapeau bizarre et à moi un placement de produit à cent euros. Merde alors… ni une ni deux, je fonce à sa poursuite, je bondis à sa suite. La Regan, du coup, elle rebondit jusqu'au plafond, elle commence à pousser une fameuse gueulante. Mais pas le temps de m'occuper d'elle, le devoir avant tout. Je m'en vais lui apprendre à vivre, moi, au Pazuzu. Je vais lui caresser les côtes à ce clandestin, ce sans-papier cornu… Trop tard, il me glisse entre les mains, il m'échappe, me fait un doigt et s'infiltre dans la petite en passant par son oreille. Reste plus que le bouchon sur le lit.

Bon, là je vous donne la version longue, ce passage a été coupé par l'auteur à la demande de son éditeur. Trop loufoque qu'ils lui ont dit. Tant pis pour eux, c'était mon préféré.

Allez, il est temps de nous retirer et d'observer la suite à distance.  

On démarre doucement, craquements en tout genre, objets baladeurs, du poltergeist de base quoi.  Puis ça dégénère brusquement avec le viol de la maman par un bellâtre… Ah non mince, au temps pour moi, c'était son Jule qui rentrait du boulot avec une envie pressante.

Et notre Regan, vous me direz ? Bon, avouons-le, la petite, cette présence étrangère, ça la perturbe grandement. Elle si mignonnette encore le mois dernier, elle nous prend un esprit chafouin. Enfin merde! Disons-le tout net, elle pète complètement les plombs, la Regan. Elle devient insolite et excentrique en diable. Elle se met à pisser partout sur les tapis, à cracher du viandox dans le potage à sa mère. Son vocabulaire s'enrichit de tout un tas de mots nouveaux et pas piqués des hannetons. Du vocabulaire de voyous de vilaine dévergondée. Sa pauvre mère, qu'on avait bien mise en garde sur cette délicate période de l'adolescence, elle n’en revient pas de ce cirque insolite. Elle qui voulait un garçon, elle comprend maintenant pourquoi. Elle commence même à se renseigner un peu, mine de rien, sur les dates butoirs pour avorter. Si des fois ce ne serait pas encore possible à cent soixante-trois mois. Pour la ramener à la raison, elle nous la traîne de psy en psy, la pisseuse. Mais rien à faire, la Regan, elle leur vomit des trucs dégueulasses plein leurs divans, aux docteurs des excentriques.

fille exorcist

Quand la petite mignonne se met à assassiner les amis de la famille et à se mettre les doigts dans le nez jusqu'au coude, faut bien se rendre à l'évidence qu'elle est pas seule dans sa tête la chérie. Elle est possédée d'un démon, un gros malpoli, un infâme, un contorsionniste du cou. C'est plus à tortiller ni à tergiverser, on se décide enfin à faire appel à des pros.

Pour commencer, on fait appel au curé du coin, le père Karras. Mais ce brave prêtre, grand dépressif et de peu de foi, on comprend vite qu'il fera pas trois rounds contre le Pazuzu. Va lui falloir du renfort, de la brute en soutane, du pourfendeur de vice et de diablerie. Simplement voilà, Stallone est pas libre et Bruce Willis demande trop cher. C'est la mort dans l'âme qu'on décide de se rabattre sur Merrin, le curé d'Irak. Ça tombe rudement bien parce qu'il en avait sa claque des Bédouins et de bouffer des grenouilles à chaque repas, le Merrin.

Là, c’est plus la même limonade. Le Merrin, les démons de la vraie foi il sait leur causer du pays, leur secouer le maléfice. Il en a combattu aux quatre coins du globe des terribles suppôts des enfers. Il s’est même fritté avec le grand Méphisto. Il a taquiné de l’Asmodée, titillé de l’Astaroth, mangé du Belphégor au petit-déjeuner. Il a bouté du Belzébuth en enfer, noyé du Léviathan dans la mer jaune. Bref, il va pas s’en laisser compter par cet obscur Pazuzu, un démon avec un nom de pâtes fraîches.

Le combat commence enfin dans la chambre de Regan. Il faut bien le dire, depuis notre visite elle a morflé grave, la petite. Elle est maintenant un peu pustuleuse, elle a fort gonflé du visage et elle est de plus en plus malpolie. Les deux curés, ils s'y attellent avec ferveur à l'exorcisme, mais c'est pas un boulot de tout repos. Même un meuble IKEA, on en viendrait plus facilement à bout. Ils te l'ont ficelé sur le page et l'asperge d'eau bénite et de mots en latin, le Pazuzu. Ce pauvre diable, ça le secoue jusqu'aux tréfonds ces manières, il en fume, mais il lâche pas le morceau, il s'y accroche à sa Regan. Pauvre Pazuzu , il tente bien de les distraire en leur faisant des tours, en faisant grimper le lit jusqu'au plafond ou en prenant subitement la voix de Nadine Morano, mais rien n'y fait. Les deux curetons ont pas d'humour et sont bien décidés à avoir sa peau. La lutte sera tellement féroce et violente que la chambre de la petite, à la fin du bouquin, elle aura l'air d'être autant en bordel que celle de ma propre fille après qu'elle se soit changée pour partir en soirée.

cures

Bon, il vous reste à la louche deux pour cent de cette œuvre à lire. Je vais pas trop vous les spoiler. Sachez juste qu'il y aura des morts, dont les deux prêtres, la mère, l'amant, et la fille. (Je blague)

Le Pazuzu, aux dernières nouvelles, il se serait plutôt bien remis de cette histoire. Il serait même en France à cette heure. Selon des rumeurs, des infos du Vatican, il aurait jeté son dévolu sur un jeune homme, un obsédé, un admirateur de la petite Vanessa Paradis.

Plaignons cet homme et allons-nous en jeter un, cette histoire m'a desséché jusqu'aux orteils.

 James W.

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Commentaires
J
Tamanoir : Si c’est celui qu’Avent utilise dans cette histoire, j’espère que tu l’as bien nettoyé. Je peux mettre huit euros et une mèche de cheveux de chanteuse. (Je l’ai trouvée serrée dans mon poing, ce matin, au réveil).<br /> <br /> <br /> <br /> Avent : Sache que les noms propres n’ont pas d’orthographe. Un point commun avec moi. J’envisage d’ailleurs un roman constitué exclusivement de noms propres.
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T
Je vends (pas cher) un crucifix ayant appartenu à Torquemada si ça intéresse quelqu'un. Affaire à saisir !
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J
Oui Avent, tu ne crois pas si bien dire. Je m'en veux un peu de t'avoir impliqué dans cette histoire et je crains fort d'avoir réveillé quelque chose. Sait-tu qu'au moment pile ou j'appuyais sur le bouton envoyer pour expédier cette chronique une ampoule de mon salon a rendu l'âme ? Que le jour même, je me suis rendu compte que j'avais des pneus lisses ? Que je fais des rêves hyper réalistes où je suis poursuivi par les assiduités de la petite Vanessa Paradi ? Hier cette petite souillon fut même à deux doigts de conclure, c'est le réveil qui m'a sauvé… Bref ma vie est devenue un cauchemar. <br /> <br /> <br /> <br /> Prie Avent ! Repens-toi ! La malédiction a quitté depuis longtemps le tournage de ce film et se cherche d'autres victimes…
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A
Dis-donc, James, c'est pas sympa de balancer de la correspondance privée dans un article public, comme ça, aux yeux de tous lol !<br /> <br /> Sache par ailleurs que je suis quelqu'un de très terre à terre, moi Môssieur, et que je ne crois pas aux phénomènes paranormaux, et encore moi à ce Pazoulou... euh Pazuzu... Enfin bref, tu m'auras compris.<br /> <br /> Dernière chose mon ami, je ne tiens pas à ce que ton article attire sur moi le mauvais oeil (non je ne suis pas superstitieux, mais on n'est jamais trop prudent !) qui a sévit sur le tournage du film éponyme, adaptation du roman de Blatty. Sorti l'année de ma naissance (Diantre, ça fait froid dans le dos !!!), 9 décès pendant le tournage de ce long métrage plus une flopée d'incidents dont un incendie, ça fait quand même beaucoup...
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