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Le  Mag Jeunes Écrivains
17 août 2015

Concours de duos : les gagnants de la 13eme session !

Concours-DuosEt si nous prenons le temps de retourner sur cette 13e session qui avait pour thème « Sur la route » ? Voyons voir si les deux personnes ont vécu la même chose :

Comment vous êtes-vous organisés pour écrire à 4 mains et qui a fait quoi ? 
Gallifez : Nous avons travaillé en instantané sur MoPad, afin de mêler au mieux nos deux écritures. Mon binôme et moi-même tenions à travailler de cette manière afin de ne pas simplement se partager la tâche au risque de fragmenter le récit. Généralement, nous avancions phrase par phrase, et chacun avait carte blanche sur l'écriture de l'autre, jusqu'à ce que l'ensemble convienne aux deux. 

Akëdysséril : Nous nous sommes rapidement rencontrés sur un pad pour essayer de regrouper des idées autour du thème "Sur la route". Nous avons réfléchi ensemble aux différentes pistes possibles, et une fois la bonne idée trouvée, nous avons rédigé un très bref plan pour notre histoire, qui devait se résumer à environ six ou sept tirets : il s'agissait en quelque sorte de la chronologie de notre texte, rien de plus ! Ensuite, je peux être assez précis puisque j'ai encore une trace de notre "répartition" : j'ai laissé Gallifez commencer la première phrase de notre texte que j'ai complétée, j'ai écrit les quatre suivantes, elle les deux suivantes, etc. Des ajouts ont été faits en cours de route sur les phrases de l'autre, et le retoucheur était normalement censé avoir le dernier mot ! L'idée était vraiment de mêler les styles. Pas pour que notre duo ne soit pas reconnu, mais plutôt pour que telle phrase ou tel paragraphe ne soit pas trop facilement attribuable à l'un d'entre nous. C'est un duo, et je crois qu'il est nécessaire que ça se sente dans la production finale.

Comment est née l'idée de « Certaines routes ne sont pas d’asphalte » ?
Gallifez 
: Lors de notre tempête de cerveaux, nous étions d'abord partis sur une autre idée qui nous adorions, plutôt tournée SF. Puis après nous être rendu compte qu'elle était hors-sujet, nous avons dû l'abandonner à regret. L'idée de notre texte nous est venue assez rapidement, car nous avions tous les deux à cœur d'écrire un texte assez mystérieux, symbolique et axé sur la lumière.  

Akëdysséril : Difficilement ! Nous étions partis sur une tout autre idée à base de mondes imbriqués dans des boules à neige, comme une mise en abîme, et notre route était cette espèce de neige que l'on retrouve dans ces objets. La chute devait reposer sur cette révélation. Nos Récolteurs, bien différents alors, étaient des espèces d'agents de maintenance de cette route blanche. Il était toutefois indispensable de travailler la cohérence de cet univers — comment légitimer le fait que notre monde ait des bornes, pour ces gens-là ? —, et au fil de la réflexion nous nous sommes aperçus que nous nous étions justement trop éloignés de la route initiale, et donc du thème. C'est un peu à regret que nous y avons renoncé pour de bon, et seule l'idée des Récolteurs nous est restée. Et, de fil en aiguille, cette discrète métaphore de la connaissance liée à notre route de lumière.
La suite a été assez logique, même si nous avons écarté là encore une idée autour de l'expérience de mort imminente — en partie développée par AppleCokes et Inigo ! —, et l'écriture a été assez facile puisque notre texte ne contenait pas de réelles ambitions scénaristiques : tout était déjà posé ! Nous nous sommes donc plutôt consacrés à la manière de dire les choses, à partir de l'architecture en différents points dont j'ai parlé tout à l'heure, et que nous avons pu modifier facilement en cours de route.
Le plus difficile, peut-être, a été de trouver un titre qui n'a d'ailleurs pas contenté tout le monde, ou encore une fin digne de ce nom. Nous savions que le texte resterait en suspens, comme notre route, mais je trouvais qu'il manquait quelque chose même si Gallifez en était très satisfaite. D'où le paragraphe ajouté alors que le texte initial s'achevait à "l'horizon lui parut un peu moins sombre."

Avez-vous une idée du temps de réflexion et du temps d’écriture qu’il vous a fallu entre le 8 mai et la date butoir du 21 juin pour que cela voie le jour ?
Gallifez : Je ne saurais pas trop dire, sachant que nous avons laissé couler quelques jours entre chaque séance d'écriture. Nous avons réfléchi quelques jours chacun de notre côté pour trouver des idées de texte, puis nous avons fait le tri dans nos idées ensemble et fait un travail de réflexion commune. Quant à l'écriture du texte, elle a dû nous prendre environ une dizaine d'heures, toutes séances confondues. 

Akëdysséril : Absolument pas. Ce dont je me souviens, c'est que nous ne nous sommes pas pressés ni sentis pressés, malgré nos égarements sur ces premiers thèmes auxquels nous avions du mal à renoncer. Nous savions qu'il restait du temps et, une fois que nous avons trouvé notre thème, que le texte ne serait pas très long, ce qui était rassurant. En revanche, en dehors de tout le travail préparatoire et des finalisations autour du titre, je dirais que nous avons rédigé le texte en peut-être trois séances. Là, il faudrait demander à Gallifez !

Était-ce compliqué de travailler avec un partenaire ?
Gallifez : Pour moi qui étais une novice de l'exercice, ce qui était le plus compliqué n'était pas vraiment d'écrire avec un partenaire, mais surtout d'écrire en instantané avec quelqu'un qui lit et qui corrige. Il a fallu passer au-dessus de cette "pudeur" du premier jet, et prendre confiance. Car, mine de rien, pour la petite nouvelle que j'étais, c'était un peu intimidant de travailler avec quelqu'un dont j'admirais déjà beaucoup la plume ! 
Malgré tout ça, travailler avec Akë était très enrichissant, il me laissait ma place tout en étant directif afin de me permettre de me lancer. Notre collaboration a été très bénéfique et nous nous sommes bien entendu, ce qui est très agréable dans le cadre d'un exercice en duo ! (et en plus, on a gagné ) 

Akëdysséril : J'imagine que ça peut l'être, mais ça ne l'a jamais été en ce qui me concerne — hors abandons en cours de route ! Soit mes partenaires ont pris les rênes et je me suis ouvert à leurs idées, soit ils ont été assez souples pour s'adapter aux miennes. Mais dans la plupart des cas, à moins d'être trop opiniâtre, les duos en général me semblent soit bien fonctionner, soit s'arrêter d'eux-mêmes : je ne pense pas que beaucoup soient arrivés au bout de leur projet en ne s'entendant pas, et si c'est le cas, chapeau ! 
Le travail avec Gallifez a été un mélange d'approbations, de discussions et de renonciations, mais tout s'est toujours fait avec tranquillité. 

Que tirez-vous des remarques et commentaires sur votre texte (qui a eu les mentions originalité et poésie) et de cette expérience ?
Gallifez : Les commentaires m'ont fait plaisir évidemment, j'étais très confiante sur la qualité de notre texte mais j'avais peur qu'il ne soit pas compris, ou que ce qui nous paraissait évident à l'écriture ne le soit pas forcément pour quelqu'un qui lirait notre texte. Nous avons pris le risque, et ça a visiblement payé. 
Je retiens que le côté "tendre" et "doux" de notre texte est ce qui a beaucoup plu, ça nous a permis de créer un univers original et je remercie mon binôme pour avoir insisté là-dessus, car j'avais parfois tendance à trouver quelques passages un peu niais. Heureusement, les lecteurs ont globalement été très sensibles à cette atmosphère. 

Akëdysséril : La réponse à cette question pourrait être difficile, mais pour cette session-là c'est très simple d'y répondre ! Notre texte a été apprécié de manière générale et a souvent été coup de cœur. Les compliments et tous les autres sentiments de satisfaction à sa lecture, je les accueille avec plaisir ! Tous les autres commentaires, eh bien... nous nous y attendions ! Nous savions que le personnage de "Mamie" avait des petits airs de clichés ou que notre texte serait un peu trop lent ou trop court au goût de certains, donc je ne suis pas très surpris, ni forcément en désaccord. Et encore, il faut se dire que Mamie était encore pire au premier jet, mais Gallifez a mis le holà !
En ce qui concerne les mentions, je ne suis pas vraiment persuadé qu'il est plus évident de faire original en étant deux, malgré le doublement des idées, donc je suis très content qu'il ait été perçu comme tel. Et puis pour ceux qui me connaissent, il est toujours plaisant d'avoir la mention "poésie" ! D'ailleurs, à propos des gens qui me connaissent, je suis très satisfait que quelqu'un comme Pangolin, qui me lit chaque semaine sur la Roulette Russe, ait complètement raté ses pronostics en nous attribuant un autre texte !

Êtes-vous satisfait du texte ? Sinon qu’auriez-vous rajouté avec plus de temps ?
Gallifez 
: Je suis très satisfaite du travail fourni, nous avons passé quelques séances à chipoter et fignoler notre texte dans les moindres détails, alors je pense que, même si on peut toujours faire mieux, nous n'étions pas mal du tout !
Avec le temps, j'aurais peut-être un peu plus élaboré la fin.  Mais c'est vraiment pour chipoter ! 

Akëdysséril : Oui et non. Quitte à avoir un rythme un peu mollasson, peut-être aurions-nous pu davantage travailler quelques images sur les descriptions. En dehors de ça, je ne crois pas que j'aimerais y rajouter quelque chose. Si je souscris sans problème aux remarques indiquant que le texte est un peu trop court et frustrant, j'avoue ne pas voir du tout comment le poursuivre avec intelligence ! Et encore, comme je l'ai dit, Gallifez voulait l'arrêter même avant ! Ce serait peut-être le cadre intéressant d'un roman, en tant qu'objet participant à la construction de l'univers, mais à ce compte-là il faudrait développer bien d'autres choses pour qu'il ne passe pas de "frustrant" à "lassant".

Ce texte va-t-il avoir une seconde vie ?
Gallifez : Je ne projette pas de réécriture, ce texte a été fait à deux et le restera. En changer un mot, ce serait pour moi comme trahir notre travail. 
Certaines routes ne sont pas d'asphalte fait désormais partie de ma "textothèque" personnelle, et restera indissociable de nos deux noms d'auteur !  

Akëdysséril : A priori non !

Une anecdote à partager ?
Gallifez : Le 30 juin à 23h40 (donc 20 minutes avant le délai)  : 
"Dis-donc, faudrait peut-être trouver un titre ? "
"Et si on rajoutait un petit chat ? " 
"Damn...  "  

Akëdysséril : Gallifez voulait intégrer un chat. Après quelques tentatives maladroites, nous avons plutôt décidé d'intégrer cet animal différemment, d'où l'idée de rédiger nos commentaires à deux — plus le fait d'avoir eu un temps d'écriture à deux assez court au final, vu la longueur du texte. C'est pour ça que nos commentaires sur les autres textes sont pleins de blagues d'assez mauvais goût à base de félins.

Et pour terminer, si vous aviez juste quelques lignes à mettre en avant sur ce texte, lesquelles seraient-elles ?
Akëdysséril : Je ne sais pas quel extrait permettrait le plus de donner envie et d'être représentatif de l'ensemble du texte. Peut-être le début, où nos styles sont bien mêlés et où l'univers est esquissé.

(Note d'Asyne :  parce que les deux extraits se lient superbement, je vous mets le texte choisi parAkëdyséril, suivi de celui de Gallifez)

« Lorsque les courbes du soleil commencèrent à se fondre dans la ligne droite de l’horizon, le Récolteur sortit du jardin et tira le portail de bois. Dans son dos, il sentait sa hotte palpiter d’une énergie mystérieuse. Le couvercle de l’énorme panier d’osier se soulevait et s’abaissait à intervalles réguliers, toussant, crachant, éructant. Il se figea tout à coup, dans une ultime gerbe de particules lumineuses plus nourrie que les précédentes. Après avoir retracé dans son esprit l’itinéraire jusqu’à sa prochaine étape, le Récolteur se remit en route. Il arpentait avec prudence le sentier pavé. Souvent, il s’assurait du coin de l’œil que la hotte ne déversât pas le précieux chargement. Pourtant, il le faisait par précaution plus que par réel besoin : la charge, plus précieuse que lourde, pesait peu et restait bien sage tout au fond de son trou.

Il ne tarda pas à approcher de la maisonnette qui suivait sur sa liste. »

« Ce n’était pas la première fois que les Récolteurs s’en approchaient. Et pourtant, leurs yeux ne parvenaient toujours pas à s’habituer à une telle intensité. Ils n’en furent pas moins attirés vers la lumière comme des papillons par un feu de joie. Pas à pas, ils avançaient sur la grande traînée blanche, et saluaient les Ouvriers qui œuvraient comme à chaque nuit tombée — Tailleurs, Colleurs et Lisseurs. La chaleur était différente de chez Mamie, mais n’avait rien à lui envier : le passage du pavé à la Route rappelait le passage de l’hiver au printemps. » 

Un grand merci aux deux gagnants d'avoir bien voulu répondre pour ce premier article ! Et à bientôt pour la 14eme session !

Vous pouvez trouver les textes ici : http://jeunesecrivains.superforum.fr/t40842-concours-de-duos-n13-les-textes

 

 

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