Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le  Mag Jeunes Écrivains
13 janvier 2016

Les chroniques (déjantées) de James : "Le comte de Monte-Cristo ? Vous emmerdez pas, j'ai lu pour vous !"

JE-lectures

J'ai découvert ce livre au Mans, le quatorze décembre mille neuf cent quatre-vingt-huit, à dix-sept heures douze, abandonné sous un porche d'église. Je m'en souviens bien, c'était un soir de Noël. Oui, je sais ce que vous pensez, mais moi à cette époque, je fêtais toujours Noël le quatorze, c'était le jour de l'anniversaire de notre fils et du coup ça nous économisait un cadeau. Enfin ça c'était avant le divorce (mon ex me trouvait pingre).

Un livre ! me suis-je dit. Et un gros ! Oh joie.

logo_13325

Mon premier réflexe fut bien sûr de vite ouvrir ce bel ouvrage pour en déchirer quelques pages afin de faire un petit feu sur le parvis. Oui à l'époque j'étais SDF, en cavale, presque illettré, chevelu jusqu'aux yeux et mort de froid.

Le vent soufflait du Nord, mais je profitai d'une accalmie et d'un petit recoin abrité pour tenter de me faire en douce cette fameuse flambée. Peine perdu, à peine venais-je de gratter la molette de mon zippo qu'un curé, sorti d'on ne sait où, me saute sur le râble et commence à m'agonir. Il m'arrache à moitié une oreille, me plaque au sol et enchaîne par une clef de bras tout en hurlant et en m'arrosant de fétides postillons en plein visage. Merde ! C'est quoi ces manières que je me dis ! Je le repousse d'une puissante ruade. Il part buter contre une statue verte qui semble s'ennuyer en attendant quelqu'un. Il se retrouve tout surpris dans les bras de la vierge. La voilà avec un drôle de petit Jésus. Il s'en extirpe en hurlant à la mort. Là, d'un coup, le voilà qui sort un sifflet de sa soutane en envoie un grand coup stridulant dans la nuit. Il sort aussitôt de partout, de trente-six portes et vingt fenêtres, des moutards tout blancs, en robes, leurs petites croix ballotant de gauche à droite. C'est le KKK du bon Dieu. Ils me cernent, font un rempart de leurs petits corps grelotants à leur maître. Lui est fringué comme un Jedi borgne, ses deux mollets à l'air tout bleu de froid. Les renforts s'organisent, quelques-uns, effrontés, commencent même à me refiler de timides coups de pompes… Merde, je les avais dérangés en pleine répétition de la messe de minuit.

2

Bon qu'est-ce que vous auriez fait ? Hein ? Je vous le demande ? Ben j'ai fait comme vous ! Je me débats, repousse tous les petits culs bénis à grands coups de baffes. Puis je me jette sur le vioc, fini par choper une poignée de tissu. Je ressors alors mon zippo  et je mets le feu au curé. Il s'enfuit dans la nuit en braillant, la soutane fumante et crépitante… poursuivie par tous ses petits mignons... Mais laissons là cette histoire. Je voulais vous parler du livre.

Donc au début tout roule tranquille, on est à Marseille, notre  beau héros, Edmond Dantès, débarque du pharaon. C'est un fier trois-mâts chargé de clous de girofle. Il s'apprête à épousailler sa promise, la plantureuse Mercedes.

Ah ! Mercedes, quelle modernité, moi déjà là le coup du placement de produit ça m'interpelle grave. Il faut garder à l'esprit que ce truc fut écrit par un "nègre" en 1844 et qu'à l'époque les véhicules étaient tirés par des animaux qui chiaient partout dans les rues. Et songez que la première Mercedes ne sortira des chaînes teutonnes qu'un bon siècle plus tard. Ça, c'est du marketing ! Du teasing de première ! Comment voulez-vous lutter ?  

 Mais je m'égare. La Mercedes il faut bien le dire, elle aguiche tout Marseille avec son joli postérieur et son furieux déhanché. Forcément elle à d'autres prétendants elle en sème partout dans son sillage. Et disons-le bien net, c'est pas tous des enfant de cœur les loustics. Ils la convoitent grave la berline, surtout un, le Fernand un pécheur de rougets bègue de la langue et myope des deux jambes. Ce sale type est jaloux comme une tique, il n'hésitera pas à dénoncer notre pauvre Edmond pour lui braquer sa caisse. Enfin pour lui ravir sa Mercedes.

On retrouve donc notre héros enfermé au large de Marseille dans une tôle glaciale sur pilotis en pierre, le château d'if. Seuls points positifs, un loyer abordable, une cellule orientée Est-Sud et une jolie vue sur la mer. J'ai été voir le week-end dernier, pour le sérieux de cet article. 

SudIfXL

Malgré ça, notre innocent il trouve le temps long, il parle bien un peu aux mouettes qui se posent devant sa lucarne, mais elles lui tournent le cul et ne répondent jamais. Bref, il s'ennuie comme un rat mort pendant des années. Puis, un beau jour, il décide d'engager la conversation avec son voisin de palier.

Eh bien vous n'êtes pas obligé de me croire, mais le voisin c'est un abbé. Décidément c'est plus une religion c'est une épidémie. Bon le sien de cureton il est plus cool que le mien, il cherche pas du tout la castagne et le scandale. Il finira même par lui refiler l'adresse d'un trésor à notre innocent. C'est même de là, si je ne m'abuse, que viendra l'expression " innocent aux mains pleines". À vérifier.

L'abbé Farria il est gentil, mais c'est pas un type très futé, il faut bien le dire. Il a creusé des années et des années le  mur de sa cellule à s'en user tous les doigts. On peut dire qu'il a donné de lui-même pour s'évader, deux phalanges par doigt. Manque de bol, il a fini par atterrir dans la cellule d'à côté.

On remerciera à distance la délicatesse de l'auteur, un certain Dumas pour nous avoir épargné les détails du tragique rapprochement de ces deux hommes. L'un ayant fait vœu de ne pas toucher une femme, l'autre, arrêté tout en sève quelques minutes avant sa nuit de noces, il est aisé d'imaginer le furieux lupanar que va devenir la cellule de l'Edmond.

La suite est confuse au possible. D'aucuns pensent que notre héros profitera du décès de son curé pour s'évader. Mais pour qui sait lire entre les lignes il semble évident que le Dantès est passé du côté obscur et a zigouillé lui-même le pauvre abbé lors d'une terrible scène de ménage.

En tout cas il s'évade de manière rocambolesque, nage jusqu’à la Castellane et se fond dans la nuit. Bon je sais que ce "il se fond dans la nuit" tombe bizarrement, un peu brusque, mais j'avais toujours rêvé d'écrire cette phrase et j'ai jamais réussi à la caser.

Reprenons. L'Edmond il récupère le trésor, mais il apprend que pendant son absence l'ignoble Fernand a convolé avec la Mercedes. Là, son sang ne fait qu'un tour, mais au lieu de se venger en racontant partout que la Mercedes est pas une première main, cette fiotte s'enfuit à l'étranger pour noyer son chagrin dans la sangria.

Bon, c'est peut-être pas un impulsif l'Edmond, mais il va la ruminer sec son histoire. Il les a méchamment en travers les années au large du vieux port. On le comprend, des mois enfermés avec un curé libidineux c'est à peine humain comme punition.

Poursuivons !

La suite je serai franc, on me l'a racontée. Faut dire que lorsque j'en suis arrivé là de cette histoire, il était deux heures du matin. Il faisait moins sept et il commençait à neiger. Jusque-là, j'allumais les pages à peine lus, triste et grelotant comme la petite marchande d'allumettes. Mais le froid a pris le dessus, J'ai brulé le reste du livre d'un coup, tous les mots, derrière la sacristie. Les flics m'ont embarqué une heure plus tard presque mort de froid. Trois, quatre baffes plus tard ils m'ont mis à l'ombre et au chaud en m'insultant copieusement pour avoir allumé le curé.

Je me suis renseigné sur la fin de l'ouvrage le lendemain, auprès du commissaire. On se connaissait bien lui et moi pour des histoires pas racontables. Il m'a bien rencardé le commissaire, il l'avait lu vingt ans plus tôt la belle histoire. Le Edmond Dantès, si j'ai bien tout compris, il semblerait qu'il soit devenu méchant et Bourgois en vieillissant et qu'il se soit mis à faire du mal à tout un tas de gens, à cause de cette vieille histoire de Mercedes.

À ce propos il va finir par la retrouver sa belle. Malgré un certain surpoids et qu'elle ait mal vieillie, il parviendra à la redémarrer, enfin à rallumer sa flamme. Il finira ses jours avec sa berline, à Katmandou, dans une lamaserie échangiste. 

 James W.

Publicité
Commentaires
M
Ouais, c'est du lourd ! Bravo !
Répondre
J
Pareil ! http://static.canalblog.com/sharedDocs/images/smilies/icon_biggrin.gif
Répondre
A
C'est du lourd ce texte, je suis fan !!!! :-D
Répondre
Publicité

 Un groupe de "JE", ou jeunes Ecrivains, issu du forum"jeunesecrivains", vous présente leur vitrine culturelle.
Chroniques, news, condensé des productions du forum, vous verrez ici les écrivains sous un autre jour.

 

Bez nazwy-2

Newsletter
Derniers commentaires
Publicité