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Le  Mag Jeunes Écrivains
25 mars 2016

Interview des éditions Flammèche

Les éditions Flammèches ont été créées en juin 2013. Mais qui est à sa tête et qui en sont les collaborateurs ? C’est ce que nous allons tenter de découvrir.

flammeche

Bonjour,
Tout d’abord merci de prendre un peu de votre temps et vous plier à l’exercice de l’interview pour nous, Jeunes Écrivains.
De rien, c’est un réel plaisir. Je suis Marianne, la responsable des Editions Flammèche.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager dans l’aventure de l’édition ? Et quel bagage faut-il avoir pour y parvenir ? L’amour de la littérature suffit-il à faire un bon éditeur ?
Il y a une quinzaine d’années, j’ai fondé un site internet dédié aux fanfictions. La communauté s’est agrandie et avec le temps, j’ai réalisé que participer à la publication et à la relecture des textes m’intéressaient bien plus que l’écriture. C’est donc naturellement que j’ai eu envie de me renseigner sur les métiers de l’édition et que je me suis orientée vers cette voie. Malheureusement, une fois mon diplôme en poche, je n’ai pas réussi à trouver de travail. J’ai donc décidé, plutôt que de me réorienter et repartir à zéro, de me lancer dans l’aventure de la création d’entreprise.

Être éditeur, surtout dans une petite structure comme Flammèche, c’est être passionné. Il faut assumer toutes les casquettes, apprendre de chacune des erreurs, être capable de voir loin, et naturellement aimer les livres et la littérature.

Mais l’amour de la littérature ne fait clairement pas un bon éditeur car le travail de relecture ou de mise en page, tout le monde peut le faire. En revanche, un éditeur doit savoir communiquer et vendre les livres qu’il choisit de défendre. Les grandes maisons délèguent cette tâche à leur diffuseur ; c’est un métier à part entière qui nécessite des connaissances et des compétences particulières.

Combien de personnes collaborent avec vous ?
Officiellement, les éditions Flammèche sont une auto-entreprise et il n’y a donc qu’une seule personne qui y travaille, c'est-à-dire moi. Mais mon conjoint, Nicolas, a progressivement pris une certaine place pour m’épauler dans certaines tâches et ainsi me dégager du temps. Je m’occupe de toute la partie technique et gestion et lui s’occupe de la communication y compris sur les stands en salon. C’est un rôle qu’il occupe sur son temps libre.

Il y a également le comité de lecture qui m’aide à la sélection des prochaines parutions de Flammèche, car je n’ai pas le temps de tous les lire en profondeur. Les membres donnent leurs avis sur les manuscrits, et je m’appuie dessus pour décider.

Je suppose qu’il y a eu des moments d’euphorie et de désillusions. En tant que jeunes auteurs, nous serions curieux d’en apprendre un peu plus.
Parmi les désillusions, il y a eu la difficulté à donner une visibilité à Flammèche, et la confrontation avec tous les tracas administratifs auxquels ma formation ne m’avait malheureusement pas préparée. De même, il est toujours difficile de voir un livre dans lequel on a cru et investi du temps, de l’énergie et l’argent mal se vendre ou mettre du temps à décoller.

Mais à côté de ça, j’ai été agréablement surprise dans mon contact avec mes auteurs. Les relations sont excellentes, et je ne regrette jamais les efforts que je fais pour eux car ils me le rendent bien. De même, il y a quelques semaines, le fait d’avoir enregistré un de mes ouvrages en « épuisé » m’a donné le sentiment d’une petite victoire. Et enfin, la rencontre avec les lecteurs en salons, ou par courriel, est toujours un bon moment.

hivernoir

En quoi se démarque votre maison d’édition par rapport aux autres ?
Nous avons les meilleurs livres, voyons ! Plus sérieusement, nous essayons de trouver des textes un peu originaux, possédant leur caractère propre. Par exemple, je suis très fière de Hiver Noir, de Céline Rosenheim, qui est un roman à part dans son genre, mais chacun des autres ouvrages est spécial. De même, j’essaye de rendre au livre un caractère personnel par le choix de sa couverture. S’il y a bien un compliment qui revient très souvent, c’est sur la qualité de nos couvertures. J’accorde presque autant d’importance à ce point qu’à la qualité de l’histoire.

Vous éditez des livres papier qui peuvent être par la suite publiés au format numérique. C’est assez rare, car actuellement c’est plutôt le contraire qui est proposé par les nouveaux éditeurs. Cet amour du papier est important pour bon nombre d’auteurs. Est-ce cela qui a motivé votre choix ?
Il s’agit avant tout d’un goût personnel pour les livres en tant qu’objets. Après tout, de tous les postes proposés dans les maisons d’édition, je visais en premier lieu la fabrication.

J’aurais aimé développer une collection de « beaux livres », à l’image des Sagas des Neuf mondes de Pierre Efratas. Malheureusement, je n’ai pas eu l’occasion de développer cette idée et aujourd’hui, ce sont des contraintes techniques et financières qui m’en empêchent.

Combien de manuscrits recevez-vous en moyenne par jour ? Et quels sont vos critères de sélection ?
Pour la première question, c’est très aléatoire. Lorsque la soumission de manuscrit est fermée, je n’en reçois que très peu, une poignée par mois, que je refuse systématiquement parce que je n’ai pas le temps de les étudier. Ensuite, lors des périodes de soumission, ça dépend des critères. La première fois, j’avais ouvert à tous les genres et à tous les formats (romans, novellas, nouvelles) que je comptais publier. J’ai reçu et accepté plus d’une centaine de manuscrits, encore plus si on considère ceux que j’ai refusés pour divers critères (mauvais genre, formats, absence de synopsis…). Lors de la dernière session, qui vient de se terminer, nous en avons reçu beaucoup moins car les critères étaient plus restrictifs : pas de nouvelles, pas de fantastique. J’en ai retenu une vingtaine pour le comité sur plus d’une soixante reçus. Pour l’Appel à Textes de nouvelles en cours, j’ai déjà reçu plus d’une dizaine de textes validés et il reste environ deux mois.

J’aurai beaucoup de mal à vous décrire de façon empirique les critères de sélection. Tout d’abord, lors de l’étude du synopsis, si j’ai une impression de déjà-vu ou d’absence d’originalité, ce n’est pas bon signe. Ensuite, je fais attention aux avis de mon comité de lecture, composée de personnes ayant des goûts très divers, mais avec quand même une certaine expérience de lecture, voire une formation aux métiers de lettres pour certains. Et enfin, je lis ceux qui me semblent intéressants et c’est pendant cette lecture que je fais mon choix. Je n’aurai aucun scrupule à ne pas retenir de manuscrit si je ne suis satisfaite par aucun. Mieux vaut ne rien publier que de publier un livre auquel je ne crois pas et que je ne saurai pas défendre.

Bien souvent, les appels à texte pour des anthologies ne voient pas le jour par manque de qualité. Est-ce difficile d’en vendre ? Ou est-ce un bon moyen de découvrir les nouvelles plumes ?
Je serai bien en peine de répondre à cette question car je n’ai pas publié d’anthologie pour le moment. J’ai lancé un Appel à Texte pour un recueil sur le thème « Rejet et Différence » dans le cadre d’une anthologie au profit de l’association Le Refuge, qui vient en aide aux jeunes LGBT (terme utilisé pour désigner les personnes non hétérosexuelles) chassés ou ayant quitté leur famille. Les textes que j’ai reçus pour le moment sont très intéressants et j’ai bon espoir d’arriver au bout de ce projet qui me tient à cœur.

Quant aux ventes, je sais qu’une anthologie rebute parfois le public. La peur du changement de style d’un texte à l’autre, des variations de qualité… Il faut être capable de surmonter ces écueils pour le vendre aux lecteurs.

florence

Vous publiez des romans, novellas et recueils de nouvelles. Qu’est-ce qui se vend le mieux ?
Je ne crois pas que le format soit très important pour les chiffres de vente. Il est vrai que les romans et les novellas se vendent mieux que les nouvelles chez Flammèche, mais c’est surtout lié au fait que ces dernières ne sont publiées qu’en numérique. Le recueil de nouvelles est épuisé actuellement et en cours de réédition en poche. Mais le roman de Florence Cochet a fait un excellent démarrage, que ce soit en papier ou numérique.

Vous êtes spécialisé dans les mondes de l’Imaginaire, en particulier du Fantastique, de la Fantasy, du Steampunk et de la Mythologie. Votre ligne éditoriale va-t-elle évoluer ou demeurer dans ce créneau ?
flammes
Je n’ai pas prévu d’étendre la ligne éditoriale. Pour les petites maisons d’édition, il est important de se démarquer sur des créneaux spécifiques afin de se faire un nom parmi le public de connaisseurs. De plus, je m’attache à ne publier que des genres que j’apprécie. Je ne suis pas une adepte de l’Anticipation par exemple, même s’il m’arrive de lire des dystopies. Je serai bien en mal de reconnaître un bon roman de ce genre-là. Pareil pour l’horreur, etc. Je vais donc conserver les créneaux présentés pour Flammèche.

Vous privilégiez les auteurs francophones, et dites être ouverts au primo-auteurs. J’imagine qu’il y a alors beaucoup de refus. Combien de personnes sortent du lot ?
 Une dizaine de publications pour plus d’une centaine de manuscrits reçus et validés… Le pourcentage n’est malheureusement pas élevé.

Une recette pour susciter votre intérêt ? Qu’est-ce qui vous séduit, vous horripile ?
Les textes sexistes, qui présentent des femmes en position de faiblesse ou de faire-valoir des hommes sans que cela ne soit autrement justifié que par le genre, ont tendance à m’horripiler. La littérature actuelle est déjà tellement envahie de ce type d’ouvrages que j’aimerai vraiment des manuscrits qui s’en détachent, sans non plus tomber dans l’extrême inverse.

Y a-t-il une période plus propice pour démarcher ?
Suivre notre actualité et répondre aux appels à textes ou aux ouvertures des soumissions de manuscrits. Les manuscrits envoyés en dehors de ces périodes ne sont pas étudiés, en règle générale.

Quand un tapuscrit est refusé, comment se passe l’annonce ? Mail type ou personnalisé ? Donnez-vous une indication sur ce qui a plu ou manqué dans le récit ?
J’envoie un mail type, mais si l’auteur me répond avec une demande d’approfondissement, je lui réponds en m’appuyant sur les avis du comité et sur le mien si je l’ai lu.

Et lorsqu’un livre vous tape dans l’œil, comment se passe la suite ? Est-ce une décision de groupe ? Quel est votre processus éditorial jusqu’à la publication ?
Le comité de lecture rend un avis et à partir de là je m’intéresse s'il y a lieu au manuscrit. Si ce dernier m’intéresse, je prends la décision de le publier. Commence alors le processus éditorial. J’avertis l’auteur, nous négocions le contrat et celui-ci accepté j’attaque les corrections de fond et de forme. L’auteur et moi-même nous renvoyons les épreuves jusqu’à ce qu’il soit décidé qu’il est assez bon pour la publication. Ensuite, nous passons aux corrections de langue, et je fais appel alors à des correctrices en freelance avec qui je collabore depuis un moment. Lorsque cette étape est finie, je fais une ultime vérification qui est ensuite validée par l’auteur, et j’envoie le roman à l’impression. Entretemps, la couverture aura été réalisée, soit par moi soit par un artiste dont le travail m’aura intéressé (ou qui peut avoir été proposé par l’auteur).

Vous estimez la vie moyenne d’un de vos livres entre 150 à 300 exemplaires. Est-ce suffisant pour vous ?
Jusqu’à aujourd’hui, ce chiffre est suffisant. Si j’arrive à développer Flammèche, nous reviendrons sur ces chiffres. Mais comme je vais  faire appel à un service d’impression à la demande pour une partie de mon catalogue, c’est tout ce système qui sera remis en cause.

Quelle est votre relation avec les auteurs, et comment travaillez-vous avec eux ?
 De ce que j’en sais, ma relation avec mes auteurs est bonne. Et je travaille à ce qu’elle le reste. Sans auteur, l’éditeur n’existe pas, alors que l’inverse n’est plus si vraie que ça (auto-édition…). Je reste en contact avec eux à travers plusieurs moyens. Par exemple, il existe un groupe Facebook pour les auteurs de Flammèche, où je leur présente régulièrement l’actualité de la maison d‘édition, les salons et événements, etc. Je réponds toujours à leurs demandes dans la mesure du possible (ventes, stocks…).

Parlons à présent vente, distribution et promotion. Quels sont vos points forts ?
Je dirai que malgré une visibilité encore confidentielle, Flammèche dispose d’une bonne réputation. Et ça me fait extrêmement plaisir. J’essaye d’améliorer régulièrement la communication de la maison (grâce à Nicolas entre autre) et de corriger les erreurs qui ont pu me desservir au début.

Flammèche est auto-diffusée et auto-distribuée. Concernant la distribution, la mise en place du système d’impression à la demande devrait permettre d’être plus rapidement disponible en librairies pour les commandes clients et me déchargera de la gestion de cette activité.

Les salons littéraires sont-ils importants pour votre maison d’édition ? Aller à la rencontre du public a-t-il un réel impact sur les ventes ou est-ce simplement un moyen de vous faire connaître ?
Les Salons sont une source de ventes conséquente pour Flammèche. Mais surtout, c’est une bonne occasion d’aller à la rencontre du public, de faire parler de nous, de présenter les auteurs à travers des séances de dédicaces.

En dehors des salons et séances de dédicaces, quels sont vos moyens pour promouvoir les auteurs ?
Je partage autant que possible leur actualité sur les réseaux sociaux, je contacte les chroniqueurs et blogueurs, j’essaye de faire en sorte que leurs pages officielles soient remplies et à jour.

Est-ce difficile de se démarquer dans une production littéraire de plus en plus abondante, avec une concurrence grandissante sur les plates-formes de téléchargement numérique, y compris de la part d’auteurs autoédités ?
Evidemment que oui, malheureusement. Et non seulement la production littéraire va en grandissant, mais en plus le public est moins acheteur, essentiellement à cause de la crise financière, qui impacte le monde du livre. Et ce sont surtout les petits éditeurs qui en souffrent.

De quelle lecture a envie le public actuellement ?
Si je le savais, je serai richissime maintenant… « Le public » est un terme trop restrictif. Il y a une grande variété de publics. J’irai même jusqu’à dire qu’il y a autant de publics que de lecteurs. Dans un même livre, tous les lecteurs ne vont pas trouver les mêmes plaisirs de lectures. Il y a ceux qui seront marqués par le style, d’autres par les péripéties, ou encore par l’univers…

Pour terminer, quelle est votre actualité littéraire ? Les éditions Flammèches en 2016, ce sera quoi ?
2016 sera surtout une année d’évolution. Nous sommes en train de revoir les bases de notre fonctionnement, nous avons pu profiter de l’élan de très bonnes ventes au début de cette année pour mettre en place des projets à long terme. Il y a aussi le système d’impression à la demande qui devrait nous permettre de gagner du temps et de l’énergie à investir dans d’autres phases de notre activité. Niveau littéraire, l’actualité brûlante sera plutôt à chercher en 2017, avec les manuscrits issus des soumissions de cet hiver. Notamment la saga de Fantasy de Hélène Martin, dont vous avez pu suivre l’évolution sur le forum des Jeunes Ecrivains. Mais en 2016 il y aura quand même plusieurs publications, avec en vrac : la réédition poche des Sagas des neuf Mondes, le deuxième tome de la série Des Proies pour l’Ombre, une deuxième nouvelle de l’univers Rebecca Borakovski, l’anthologie pour le Refuge…

9 mondes  proie


Merci beaucoup pour vos réponses, je ne doute pas que les lecteurs auront autant plaisir que moi à faire plus ample connaissance avec votre maison d'édition.

Leur site : https://www.editions-flammeche.com/

Leur page Facebook : https://www.facebook.com/EditionsFlammeche

Fa-a-Face

Klik-Asyne

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Commentaires
A
Merci à vous de vous être prêté à l'exercice. :)
Répondre
N
Merci à vous pour cette demande d'interview :) Répondre à ces questions a été aussi une bonne expérience pour nous.
Répondre
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