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Le  Mag Jeunes Écrivains
27 mars 2016

Une journée au Salon du Livre de Paris (Aurore Py)

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Samedi 19 mars

7h15 : Le réveil sonne. Je me prépare tranquillement, en tentant d'expliquer à mes enfants de 6 et 4 ans le concept de Salon du livre. "Salon", ça va, "livre", aussi. Mais l'association des deux les laisse perplexes. C'est sur cette interrogation et de dizaines de bisous que je les abandonne, pas fâchée pourtant à la perspective de 30 heures de pur célibat.

12h03 : arrivée à Paris. Je n'ai pas vu de douanier à la frontière franco-suisse, mais deux militaires font comité d'accueil au pied du wagon. Passage à l'hôtel, rafraîchissement, sustentation, et retouche maquillage. Puis 30 min compressée dans le tramway. Pas de doute, il y a du monde qui converge vers la porte de Versailles. 

14h50 : Je contourne la longue file d'attente qui s'étire en courbe à l'extérieur du Parc des expositions, assez satisfaite de mon badge auteur qui me permet une entrée rapide. Je bipe Asyne, nous nous retrouvons au pied d'un phare dont la fonction reste à ce jour encore obscure. Nous discutons tout en migrant vers le stand de mon éditeur. J'y rencontre pour la première fois toute l'équipe de l'Aube, et le contact est plus que cordial. Asyne me fait le plaisir d'acheter mon roman, et je me mets dans un coin pour le lui dédicacer, car sur le stand à cette heure, c'est Jean-Claude Ameisen qui officie. 

Mission suivante : retrouver Zelia. Au téléphone, je lui indique que l'on n'est pas loin de Paul (la boulangerie). Déformation d'auteure oblige, on apprendra plus tard qu'elle avait compris P.O.L. (l'éditeur). Ne la voyant pas apparaître, Asyne et moi hésitons à nous lancer dans un spectacle de sémaphore au milieu de l'allée pour attirer son attention. L'arrivée souriante de Zelia nous épargnera cet épanchement créatif. 
Pendant que je lui dédicace son exemplaire, mon éditeur vient me saluer :
« C'est bien ce que vous faites, me dit-il, et surtout, ça plaît aux représentants. »
C'est toujours bon à prendre. 
Nous discutons chaleureusement quelques minutes. Il nous explique ce qui fonctionne dans le polar : les séries, avec des personnages récurrents. Pas besoin de faire des pavés, mieux vaut en sortir régulièrement (tous les 12-18 mois). 
C'est toujours bon à prendre. 

16h00 : Zelia, Asyne et moi partons nous égarer dans les travées du Salon. Il fait très chaud, il y a beaucoup de monde, on ne voit pas grand-chose des stands qui ont la cote. On devine un Michel Cymes, un Gilles Legardinier, Yann Moix nous frôle, Jean-Michel Ribes attend son lectorat, Nicolas Rey signe avec application. Un attroupement surmonté d'une perche de micro signale la présence d'Alain Juppé. François Fillon arrivera peu de temps après, nettement moins entouré. L'espace dévolu à la Corée du Sud – invitée d'honneur du salon – est lumineux, mais peu fréquenté. Une respiration bienvenue après avoir fendu des foules de groupies littéraires. 

coree

Une boisson fraîche plus tard, on se met en quête de chapeaux-chat pour notre progéniture respective, à Zelia et moi. On erre longtemps, on envisage des rapts sauvages sur des têtes adolescentes, quand enfin on repère le stand de mangas qui délivre les précieux couvre-chefs. Le scrupule nous prend : peut-on réclamer la bouche en coeur leur goody alors qu'on ne leur achète rien ? Zelia démontre que oui, en s'intéressant toutefois de près à leur catalogue. Je fais de même à sa suite. Ensuite, je me souviens que je rentre en TGV et que les chapeaux-chat ne sont pas spécialement discrets. Tant pis, j'assumerai. 

cyrille

17h45 : Je reviens sur le stand de l'Aube où pour le moment, c'est Cyrille Eldin qui signe son livre, tout en faisant son show. On m'offre une coupe de champagne, je sors mes chocolats suisses. 

« Vous êtes courageuse de vous plier à cette séance de dédicaces, me dit mon éditeur, vous n'allez rien vendre, vous savez. » 
Je ne suis pas choquée par le propos, je sais bien que sur les salons, on vient surtout pour réseauter, et qu'un auteur inconnu ne vend guère. Ce n'est pas pour cela que je suis venue, c'est pour l'expérience générale et les rencontres. 
« Même Marc Levy a eu des moments de solitude sur le Salon… », me lâche mon éditrice, amusée. 
Ça remet l'église au milieu du village.

18h30 : C'est officiellement l'heure de ma séance de dédicaces. On a mis des exemplaires de mon roman tout autour de moi. J'ai une vue imprenable sur l'allée R, ce qui me permet de contempler l'arrivée de Jean-François Copé tout sourire, au pas de sénateur. 

Un homme passe, demande si je fais des polars. Je lui montre le livre que j'ai écrit, mais ce n'est pas le sens de sa question. Il veut savoir si l'Aube prend des polars. C'est un auteur qui, dit-il, n'est pas satisfait de sa maison d'édition actuelle, et cherche un nouvel éditeur. Clémentine, l'assistante éditoriale, prend le relais. J'en profite pour lui demander si l'Aube réceptionne beaucoup de manuscrits sur les salons. 
« Ça représente 70 % de ce que l'on reçoit !
– Et vous aimez ça, quand on vous dépose des pavés ?
– Non, surtout pas. Ce qui est bien, c'est de prévoir un petit synopsis, une présentation de l'oeuvre, mais apporter son manuscrit, c'est prendre le risque qu'il s'égare dans la manœuvre. » 
Les-trois-brigands

J'ai le temps de regarder de plus près les productions de la maison, choisis de repartir avec Le français de Roseville, d'Ahmed Tiab, qui me tente bien. Zelia repasse me faire coucou. Elle m'apporte des masques des 3 brigands d'Ungerer, pour mes enfants. Je la présente à mon éditrice, qui est heureuse d'en apprendre plus sur les Éditions Rue Fromentin, et sur le prochain roman de Zelia. 

Soudain, petit remue-ménage : on fait de la place sur le stand, une autre auteure s'installe pour dédicacer à côté de moi. Elle ne parle pas un mot de français, et pour cause, elle est coréenne. Il s'agit de Han Kang. J'essaie de l'amadouer avec des chocolats suisses, mais ce n'est pas concluant.
« C'est une vraie star en Corée », me glisse Clémentine.
De fait, très vite plusieurs personnes s'attroupent. L'interprète note les prénoms sur un papier, pour que Han Kang ne fasse pas d'erreur. Clémentine et moi papotons, on parle mari et enfants. Elle m'apporte un verre de vin. Des Coréens mitraillent leur star, et nous deux, par défaut. Nous allons nous retrouver sur des tas de photos en Corée. Une façon comme une autre de s'exporter. 

lavage

19h15, j'aperçois mon frère quelques mètres plus loin. Il sera ma seule dédicace de la soirée. Je le présente à mes éditeurs et on discute tranquillement encore un moment. L'heure de la fermeture approche, les travées se vident, les stocks de livres sont réorganisés pour le lendemain et recouverts de bâches. 

Je salue toute l'équipe de l'Aube. 
« On va en faire quelque chose de bien, de votre roman », me glisse encore mon éditeur. 
Je repars heureuse, à la suite de mon frère, dans les rues parisiennes.

Coline

(Rajout d'images : Asyne, Coline)

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