Amityville, la maison du diable ?

Amityville, vous connaissez ?

C'est une charmante petite ville cotière, située dans le comté de Suffolk, au Nord de New York. 

Pourtant, ce n'est pas la première image qui vient à l'esprit lorsqu'on évoque le nom de cette bourgade. 

Sa sombre réputation remonte à une quarantaine d'années en arrière, lorsqu'un fait divers entacha durablement cette modeste commune.

Dans la nuit du 13 novembre 1974, vers 03 heures 15 du matin, dans une maison de style colonial hollandais édifiée en 1928 et située dans les quartiers aisés d'Amityville, au 112 Ocean Avenue, Ronald DeFoe Jr, 22 ans, s'empare de son fusil pour assassiner sauvagement ses parents, ses deux frères et ses deux soeurs.

Très vite confondu par la police, le jeune homme donne plusieurs versions contradictoires des faits, dont une selon laquelle il aurait obéit à une voix qu'il attribuera au diable. C'est d'ailleurs cette ligne de défense qu'il adoptera.

De fait, à la demande de l'avocat de la défense, une enquête a lieu dans la maison afin d'y trouver une quelconque puissance capable d'avoir influencé le meurtrier. Sans doute renseigné par des spécialistes en parapsychologie, il soupçonne l'existence de champs électromagnétiques dus à des vices de forme ou à des forces telluriques avoisinantes susceptibles de saturer l'environnement en ondes nuisibles à l'équilibre des cellules et à la santé mentale de son client. 
Cette thèse du champ parapsychologique est avancée par un certain Hans Holzer pour justifier pourquoi aucun des membres de la famille DeFeo n'a été alerté par les coups de feu. Il inhibe les sons et affecte la perception du bruit, mais n'explique en rien cette "voix" qui aurait dicté les actes de Ronald DeFoe Jr.

D'ailleurs, cette thèse n'est pas retenue, et l'assassin se voit condamné par six fois à perpétuité.

Entaché de ce passé macabre et malgré un prix fort attractif, la maison a beaucoup de mal à se vendre. Jusqu'au jour où la famille Lutz se laisse tenter. Elle y emménage le 18 décembre 1975, mais n'y restera que 28 jours.

Pourtant, l'une de leurs premières actions lors de leur emménagement est de demander à un prêtre de venir bénir la demeure. Mais au cours de la bénédiction, le prêtre déclare entendre une voix, forte, semblant venir de nulle part, lui disant simplement : "Va-t-en!!" 

A partir de ce moment-là, les Lutz seront, selon leurs dires, les témoins de phénomènes inexpliqués : énormes variations de température, présence d’une odeur écœurante, formation de taches noires sur les sanitaires et apparition de nuées de mouches malgré la saison hivernale.

Au fil des jours, les phénomènes s'amplifient, au point que la famille Lutz finit par vraiment penser que la maison est hantée par des démons maléfiques (visions fantômatiques), jusqu'à leur dernière nuit durant laquelle le cauchemar atteindra des sommets (sans que leur récit sur les faits soit réellement précis) et les contraindra à fuir.

Leur histoire sera médiatisée et racontée dans le livre de l'écrivain Jay Anson, paru en 1977 sous le titre de : "The Amityville Horror - A True Story". Malgré la mention "histoire vécue", l'authenticité des faits narrés dans ce best-seller est discréditée par les para-psychologues qui en souligneront les incohérences et distorsions.

Ce qui n'empêche pas le bouquin d'être adapté au cinéma en 1979 par Stan Rosenberg : "Amityville, la maison du diable". Malgré une critique très mitigée, ce long métrage deviendra un véritable film culte, engendrant de nombreuses suites jusqu'en 1996 et même un remake en 2005. Un nouveau film est prévu en 2016 : "Amityville : The Awakening".

A des fins purement commerciales, certaines rumeurs auraient été colportées par la production du premier opus au moment de sa sortie en salle, faisant part d'étranges événements  survenus pendant le tournage, dont le fait que le film n'avait pas pu être tourné dans la maison d'Amityville parce que l'équipe de production aurait été trop effrayée pour y travailler. Toutefois, la réalité est tout autre : la ville d'Amityville n'a donné aucune autorisation à Amercican International Picture pour tourner sur son sol.

D'autres rumeurs iront bon train, notamment le fait que la maison soit construite sur un ancien cimetière indien ou qu'elle ait été un asile pour aliénés.

En tout cas, le mal est fait, et le 112 Ocean Avenue sera dès lors sans cesse assailli de curieux, au point que les nouveaux propriétaires successifs devront changer l'adresse de la maison, les fenêtres demi-lune du toit, fantasmés comme étant les yeux du diable, et la demeure sera repeinte en blanc pour la rendre moins effrayante.

Et alors, au final, elle est hantée ou pas, cette bicoque ?

Eh bien il se trouve que la famille Lutz aurait été manipulée par l'avocat de Ronald DeFoe Jr afin que l'irresponsabilité de son client soit reconnue, et les phénomènes paranormaux inventés de toute pièce. Les familles qui ont succèdé aux Lutz n'ont jamais observé aucun phénomène paranormal.

Pour autant, accepteriez-vous de vivre dans la sinistre et tristement célèbre demeure ?