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Le  Mag Jeunes Écrivains
17 janvier 2017

La littérature érotique, qu'est-ce que sexe ? Tentative de définition (deuxième partie : ITW de Sara Agnès L.)

Après une première partie introductive, je vous avais promis de ne pas vous abandonner aux portes de l'ébat alors que nos préliminaires avaient tout fait pour vous émoustiller... gentiment.

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Je vous invite donc à poursuivre cette exploration de la littérature érotique et de sa tentative de définition avec l'interview de Sara Agnès L.

Mais qui est donc cette mystérieuse jeune femme qui se cache derrière ce nom de plume ?

Une petite présentation s'impose donc avant d'entrer dans le vif du sujet.

Sara Agnès L. est le pseudonyme d'une auteure québécoise qui a, un jour, décidé de prendre la plume pour raconter des histoires érotiques sans se prendre la tête, avec 8 romans à son actif.

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Annabelle a été son premier texte érotique. Écrit en cinq semaines intensives, en 2010, il a longtemps été mis en ligne sur une plateforme libre. Au bout de quelques semaines, les lecteurs sont arrivés et avec eux, le début d'une belle aventure... Elle les en remercie !

En 2013 et 2014, quelques nouvelles paraissent dans la collection "Osez" de La musardine, puis le roman Cherche jeune femme à domicile, d'abord autoédité, a vu le jour dans la collection "Emma" de Milady sous le titre L'Or et la Nuit.

En 2015, Annabelle et sa suite naissent sur papier chez Milady Romance, tandis que La Muse paraît aux éditions Blanche | Hugo Roman. En 2016, c'est au tour de Contrat avec un salaud de paraître chez "Emma", alors qu'À moi (opération séduction) renaît chez HQN, la collection numérique d'Harlequin. Au Québec, c'est l'édition papier qui arrive pour L'Or et la nuit.

En 2017, Seulement toi arrive en papier aux éditions AdA et Contrat avec un salaud revient, avec une nouvelle couverture, chez Milady Romance. Et Zoé sort en avril.

Son site : 

Sara Agnès L.

Ceux qui suivent mon compte Facebook ont vu que j'avais mis la déco pour le mois de décembre. On en est (déjà?) là? Avec tous les concours qui défilent sur les réseaux sociaux, on ne peut pas s'y tromper. Noël est en approche. Et comme la neige tombe doucement pendant...

http://saraagnesl.com

Maintenant que les présentations sont faites, passons au speed-dating... euh pardon, à l'interview. Non, je vous jure que je n'ai pas essayé de la draguer. D'façon, le Québec, c'est trop loin de chez moi pour conclure...

Fa-a-Face- Bonjour et merci de bien vouloir m’accorder cette ITW. En premier lieu, j’aimerais que tu nous éclaires sur la notion d’érotisme, très variable d’une personne à l’autre selon son éducation, ses inhibitions, ses pratiques, et même son sexe si je puis dire : selon toi, qu’est-ce qu’un récit érotique et qu’est-ce qui le différencie d’un récit pornographique ? Y a-t-il divers degrés d’érotisme ?
L’érotisme a le dos large, ces temps-ci. Il est censé évoquer le désir et le faire ressentir au lecteur. Or, les romans érotiques montrent plus qu’ils n’évoquent, à différents niveaux. Je crois que la définition actuelle fait flirter l’érotisme avec la pornographie (comme les mœurs changent… les définitions aussi). Pour ma part, je trancherais l’un et l’autre selon la vulgarité des termes choisis pour décrire l’acte. 

- Le succès planétaire de 50 nuances de Grey a-t-il « démocratisé » la littérature érotique ? Est-ce un genre lu ou écrit qu’on s’autorise aujourd’hui davantage à assumer publiquement ?
Alors là, il n’y a aucun doute dans mon esprit. On peut dire ce qu’on veut de 50 nuances de Grey, il a donné une voix à la romance érotique, tout comme Twilight (dont il est issu, en plus) a permis à la romance d’entrer dans les librairies. Ceux qui écrivent de l’érotisme (romance ou non) doivent une fière chandelle à cette série. 
Le mieux dans tout ça, c’est que les lectrices s’assument beaucoup plus. Plusieurs diront que la liseuse leur a permis de lire en cachette, mais beaucoup montrent fièrement leurs bibliothèques remplies de romances et de romances érotiques. Donc oui, je crois que les gens s’autorisent à lire, aimer et assumer ce type de littérature. Je remercie ceux et celles qui le font d’ailleurs !

- J’ai l’impression que ce genre littéraire, tout comme la romance qui peut être également érotique, est davantage pratiqué par les femmes que par les hommes. Est-ce parce que les auteurs « hommes » n’écrivent que des fantasmes masculins, qu’ils ne savent pas ce que veulent les femmes ?images 62
Je crois que la romance était déjà une affaire de femmes (en majorité, mais pas exclusivement), qui préfèrent les sensations aux actions. Certes, l’acte sexuel est un jeu de Twister (la main sur le sein, l’autre sur la fesse… oups, j’ai trois mains !), il faut décrire les actions, mais ce qui importent (à mon avis) pour la femme, c’est le ressenti, l’intensité, etc. 
Pour le reste, je ne pense pas que les hommes écrivent des fantasmes masculins (qu’est-ce qu’un fantasme masculin, d’ailleurs ?) mais je pense qu’ils écrivent dans leur point de vue. Pour une femme, les sensations sont globales. Si ton mari n’a pas ramassé ses chaussettes et qu’il passe la soirée à jouer à son jeu vidéo, le désir sexuel risque de frôler la barre du zéro, même s’il assure au lit. L’homme passe très vite de A à B (je ne suis pas excité, ah voilà, je le suis, ce que les films pornos prouvent, d’ailleurs). C’est pourquoi je crois (enfin, c’est mon approche) que la femme a besoin d’un contexte plus détaillé avant d’arriver aux scènes sexuelles. L’acte lui-même, hors contexte, n’a rien de bien excitant (à mon avis).

- Le schéma classique hétéro H/F semble être aujourd’hui dépassé, on l’associe de plus en plus à des pratiques qu’on qualifiait encore il y a peu d’extrémistes comme le bondage, ou on lui préfère un schéma relationnel homosexuel H/H plus tendance. A contrario, il y a peu de récits érotiques lesbiens. A ton avis, quelles sont aujourd’hui les attentes du lectorat érotique ? Ce lectorat est-il plutôt masculin ou féminin ? Le lecteur hétéro peut-il s’intéresser à de l’érotisme homo (et inversement) ou est-ce pour répondre à une demande d’un public gay moins marginalisé de nos jours ?th44

C’est une bonne question et elle englobe tellement de choses ! La romance étant un genre extrêmement codifié, elle a un code intitulé : boy meets girl. Déjà, l’homoromance en sort ! (À mon avis, la définition mérite une évolution). Après, tu as beaucoup BEAUCOUP de filles qui en écrivent et qui en lisent. Des filles complètement hétéros, d’ailleurs. Évidemment, il y a des hommes gays qui aiment ce genre de littérature, mais je doute que ce soit la majorité. À mon sens, c’est un public majoritairement féminin (ce qui n’exclut pas du tout les hommes dans cette équation) qui consomme ce type de littérature.
Il est tout aussi étrange de voir que la romance F/F est moins présente et beaucoup moins lue, d’ailleurs. Doit-on considérer que les tabous sont moins forts ? Que ça intrigue moins les lecteurs ? Il faudrait investiguer pour le savoir, mais je pense qu’il y a moins de titres et beaucoup moins de ventes dans ce créneau.

- En définitive, au regard de ta réponse, l'érotisme et la romance semble être intimement liés.

Forcément, c'est une question de dosage ! L'érotisme est de suggérer, la pornographie de montrer, mais en littérature, les frontières se brouillent, je crois. Et aussi avec l'évolution de la société. Ce qui n'était pas "montrable" dans les années 50 l'est maintenant. Et l'érotisme est le plaisir de la séduction, mais étant une auteure de romance dans mon autre vie, je ne peux pas faire autrement que de lier les deux.

- Mais au fond, existe-t-il de l'érotisme sans romance et de la romance sans érotisme ?

Oui ! Mes nouvelles, par exemple, sont souvent hors sentiment. Une histoire d'un soir. Et la romance est assez codée alors... Annabelle n'est pas de la romance, mais le roman contient de la romance. Pareil pour Zoé (à paraître en mars 2017) qui est une femme adultère à la recherche du plaisir. Elle multiplie les amants, perdue dans sa propre vie. Bon, elle finit par se caser, mais oui, il y a des romans érotiques sans romance (chez Blanche, l'éditeur, il y en a beaucoup et longtemps, il a été le seul à en publier). 
Quant à la romance sans érotisme, il y en a (beaucoup), mais c'est de plus en plus une exigence des éditeurs.

- Et toi, qu’est-ce qui t’a incité à écrire dans le genre érotique ? Est-ce l’unique registre dans lequel tu t’épanouis en tant qu’auteure ?

À la base, je ne voulais pas écrire de l’érotique, je voulais travailler la psychologie d’un personnage qui se faisait détruire par une relation sadomasochiste. Je pensais éclipser les scènes de sexe, puis c’est sorti tout seul, et j’ai beaucoup aimé travailler l’évolution du personnage par le biais de sa sexualité. Après coup, j’ai trouvé plus naturel d'en ajouter dans mes histoires et comme j’écris de la romance sous mon nom et de l’érotique (pas toujours en romance d’ailleurs) sous pseudonyme, j’aime bien y aller franco dans ce domaine. On me reproche souvent que j’ai trop de scènes de sexe, mais je n’arrive pas à faire autrement. On dira que c’est mon style Wink !
Cela dit, je dois ajouter que j’aime beaucoup le fait de déstabiliser le lecteur. En horreur ou en érotisme, on touche des valeurs, et là, à partir de mots tout simples, on arrive à générer des sensations et du désir. Ce n’est pas rien quand même ! C’est même tout un défi !

- Selon toi, quels sont les ingrédients d’un bon récit érotique ? Est-ce simplement une juxtaposition de scènes hot (parce qu’après tout, c’est bien ce que recherche en priorité le lecteur d’érotisme) ou y a-t-il malgré tout nécessité de scénariser un minimum ?
Dans tout roman, sans histoire, il n’y a rien. C’est un peu comme regarder un porno. On se fiche du contexte et on attend qu’elle se fiche à poil. Pour ma part, je ne vois pas l’intérêt du porno si le reste de l’histoire est accessoire. Le premier ingrédient d’un bon récit érotique est le contexte. On doit savoir où on se situe et qui sont les personnages. Ils doivent avoir des failles. La sexualité, c’est une partie de notre identité, trop souvent refoulée, ça donne des tas de possibilités. Si c’est juste pour mettre un pénis dans un vagin, ça ne vaut pas le coup. Ça reste de la biologie.

- Quand tu crées ton personnage principal et lui fait vivre des aventures sexuelles, est-ce purement fictif et très éloigné de toi ou un reflet de tes fantasmes inavoués, même irréalistes ou irréalisables ?
Cette question me fait rire à chaque fois. Quand j’écris du fantastique ou de la romance contemporaine, personne ne me pose ce genre de question. Mais enfin… les personnages que je créé, ils ont leur vie propre. J’ai des filles coincées comme de véritables garces assumées. Suis-je l’une ou l’autre ? Je ne suis personne. Je ne suis qu’un auteur qui tente de créer des personnages qui se tiennent et qui évoluent au sein d’un récit, comme je le fais dans tous mes romans (érotiques ou non).

- Tes récits ont-ils déjà choqué ou étonné ton lectorat/tes proches de par leur contenu érotique ou une scène particulièrement osée ?

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Alors là ! Mon premier roman, Annabelle, en a choqué plus d’un ! C’est un récit dur, une descente aux enfers. Et comme il s’agit d’un récit SM, les lectrices de Grey tombent de haut en lisant mon roman. Je l’ai dit et répété : ce n’est pas une romance (même s’il y a de la romance), et certaines scènes, dont une en particulier, nous font serrer les dents. Que cela choque, c’est bien. Que les gens n’arrivent pas à passer outre, c’est plus triste. Quand les gens lisent des thrillers ou des récits de motards qui tuent sans scrupule, personne n’est choqué. Mais le sexe, on dirait que ça touche un point sensible. Cela dit, je vais sûrement continuer de choquer dans les prochains mois, puisque j’ai une dark erotica qui dort dans mes tiroirs. Ça va, j’ai l’habitude Wink !

- Je te remercie pour cet éclaircissement sur ce genre littéraire un peu à part, un peu snobé par les puristes et pourtant très présent dans la littérature actuelle.
Merci à toi de t’intéresser à la question !

A l'issue de cette interview, vous pourriez pasticher Rostand en m'apostrophant ainsi : "C'est un peu court, jeune homme (et vous ne feriez nullement allusion à la taille de l'attribut de ma virilité ou à mon endurance sexuelle, dont tout le monde se fout éperdument. Pas vous ? Ah bon !) ! On pourrait dire bien d'autres choses en somme..." Ce qui n'est pas faux, et c'est pour cette raison que nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir une seconde auteure de récits érotiques à travers l'interview qu'elle a bien voulue m'accorder (et je l'en remercie), j'ai nommé Valéry K.Baran.

En attendant, et pour vous maintenir en appétit, je vous invite à découvrir les oeuvres érotiques en lecture libre de Sara Agnès L. sur sa page auteure d'Atramenta :

Sara Agnès L. - Atramenta

Auteure de 19 oeuvres en lecture libre

http://www.atramenta.net

 

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